Bonis, Mel: Sonate op.112 pour flûte et piano

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Transcription de la Sonate pour violon et piano 

La présente édition, ma transcription de la Sonate pour violon de Mel Bonis pour flûte et piano, a nécessité des recherches approfondies, une transcription détaillée et des essais pratiques en contexte de performance. Les décisions éditoriales de cette édition ont été guidées par des considérations pratiques et de style.

La Sonate pour Violon et piano opus112 de Mel Bonis compte parmi les chefs-d’œuvre de sa musique de chambre. C’est la troisième sonate après l’opus 64 pour flûte et piano et l’opus 67 pour violoncelle et piano. C’est à mon sens et la plus aboutie, alliant expressivité personnelle et rigueur structurelle. Des liens thématiques et harmoniques relient les quatre mouvements. Œuvre de la maturité, elle est publiée en 1923 chez Maurice Sénart à Paris.

« Son style entrelace complexité rythmique, chromatisme et thèmes profondément évocateurs et mélancoliques. Elle exprime en définitive un pur sentiment de mélancolie. », écrit Eberhard Mayer à propos du premier mouvement, Moderato. Le premier mouvement établit cette atmosphère par un lyrisme fluide et une instabilité harmonique, façonnés par des subtilités rythmiques entre la ligne mélodique et l’accompagnement. Le deuxième mouvement, un Presto–Scherzo, offre un contraste par son esprit et sa légèreté. Il peut être comparé au Scherzo correspondant de sa Sonate pour flûte et aussi au Scherzo final de sa Suite pour flûte, violon et piano. Le troisième mouvement constitue le centre expressif de la sonate, à l’image de la Sonate pour violon en la majeur de Franck. Basé sur un thème populaire grec, il évoque le chant orthodoxe et intègre une écriture modale dans la tradition antique. Le dernier mouvement développe tout ce matériau avec une énergie accrue et un dialogue élargi entre le violon et le piano. Des motifs des sections précédentes réapparaissent dans de nouveaux contextes harmoniques, renforçant la conception cyclique de l’œuvre. Tous ces éléments confèrent au mouvement cohérence et élan, menant à une conclusion décisive.

La sonate fut créée en 1919 Salle Gaveau à Paris par Société Musicale Indépendante. Les réactions furent positives. Un critique du Courrier des Musiciens en souligna les contrastes et loua particulièrement « un Andante, soigneusement construit sur une mélodie grecque, qui se déploie dans un développement captivant avant de mener à un final vibrant et puissant. » Ce témoignage souligne l’équilibre d’ombre et de lumière qui caractérise l’œuvre. Bien que la sonate soit tombée dans l’oubli au cours du XXe siècle, sa redécouverte récente a confirmé sa valeur : une composition qui, tout en montrant l’influence de Franck, affirme une voix personnelle, lyrique, harmoniquement audacieuse et profondément expressive.

Mel Bonis (1858–1937, née Mélanie Bonis, à la ville, Madame Albert Domange, fut une compositrice française prolifique. Son catalogue se compose de plus de 300 pièces rassemblées en 180 opus. Il comprend de la musique pour piano, orgue, musique de chambre, orchestre et voix. C’est en 1881, au cours de ses études au Conservatoire de Paris, qu’elle adopta le nom de « Mel Bonis. Sa première œuvre signée de ce nom fut l’Impromptu pour piano, « mon premier morceau ». Le choix d’un pseudonyme androgyne était une stratégie pour tenter de s’imposer dans un milieu musical dominé par les hommes. Christine Géliot, présidente de l’Association Mel Bonis et descendante de la compositrice, souligne la nécessité de respecter cette identité professionnelle choisie.

Elle fut élève de César Franck, d’Ernest Guiraud et Auguste Bazille au Conservatoire de Paris. Ses maîtres développèrent ses compétences harmoniques et structurelles, tout en l’aidant à développer sa propre inspiration marquée par le lyrisme, la subtilité rythmique et la couleur harmonique.

La biographie de Christine Géliot Mel Bonis, femme et “compositeur” (L’Harmattan, 2010), traduite en allemand et en anglais aux Editions Furore, offre un portrait complet de sa vie, sa famille, ses relations, ses défis professionnels et ses efforts pour promouvoir son œuvre. Elle présente Mel Bonis comme une compositrice, de grande envergure dont la musique incarne la maîtrise technique et la profondeur expressive.